Une église à l’arrêt et des religieuses qui soignent

Ambatondrazaka

A l’approche de la petite ville d’Ambatondrazaka, des rizières à perte de vue recouvrent des terres fertiles. La région est considérée comme le grenier du pays. A quelque soixante kilomètres de la ville, des mines de pierres précieuses attirent un grand nombre de « mineurs locaux » et de commerçants.

Cinq médecins ophtalmologistes volontaires italiens sont actuellement à l’œuvre durant un mois au dispensaire de la Communauté des Petites Servantes du Sacré Cœur à Ambatondrazaka. Ils opèrent des patients, toujours plus nombreux, atteints de cataractes. Ils reviendront au mois de mai prochain, comme de coutume ces dernières années. Environ quatre cents patients annuellement ont la chance de bénéficier d’une telle faveur. Certains étaient presque aveugles ; quelle immense joie de retrouver la vue !

Une grande église en construction jouxte la Communauté des Sœurs Maristes à Manakambahiny. Les travaux sont à l’arrêt depuis quatre ans, faute de moyens financiers. Comment les paroissiens peuvent-ils participer financièrement à cette réalisation alors que tout renchéri rapidement et que plus du 80% de la population vit dans la précarité ?

Sympathique geste de l’évêque d’Ambatondrazaka, Mgr Orthasie Marcelin, que de m’inviter à un repas en compagnie de cinq prêtres. Agréable dialogue constructif axé principalement sur la problématique de la corruption qui ronge ce pays. L’espoir est là de voir progresser cette nation à un partage chrétien des richesses.

Moramanga

La petite ville de Moramanga a été épargnée de la violence des derniers événements politiques. Beaucoup de monde ici ne s’intéresse même pas trop aux affaires publiques, leur souci premier étant de trouver de quoi manger. Trop d’enfants ne vont pas à l’école, la pauvreté est omniprésente. Monseigneur Saro, évêque du diocèse, que j’ai eu l’opportunité de rencontrer, œuvre avec beaucoup de dynamisme pour rendre l’école possible à tous les enfants. Un peuple instruit ne sera plus d’accord de se laisser manipuler par des corrompus, me dit-il. Les jeunes, en particulier, veulent du changement ; et c’est le moment de lutter tous ensemble, contre la corruption, ce fléau, qui met à terre tout le pays. Certains pénitents, conscients de leur égoïsme (corruption), prétendent ne pas pouvoir changer leur pratique destructive. Et bien non, rétorque Monseigneur, « l’argent publique ne vous appartient pas ».

Il faut aider les jeunes à gagner ce dur et patient combat contre ce fléau. La chance m’a souri de pouvoir dialoguer avec le recteur du grand séminaire de Moramanga. Quarante-huit futurs prêtres terminent leurs études ici. Ces jeunes ecclésiastiques, en particulier, conscients de leur responsabilité et de la gravité de la situation, seront bientôt aux premières loges pour dénoncer et participer au renouveau de cette grande île, paradis perdu.

La tuberculose est une maladie encore malheureusement bien présente à Madagascar. Toujours plus de malades bénéficient des meilleurs soins à l’hôpital des Sœurs Petites Servantes à Moramanga, entouré d’un magnifique et vaste parc arborisé.

François